Voici l'un des écrits les plus lus et commentés des alchimistes. On peut en dater la composition à la première moitié du XIVème siècle, mais il n'a rien perdu de son actualité, puisque, au XXème siècle, C.G. Jung utilisa les gravures qui illustrent ce traité comme support de réflexion à la Psychologie du transfert. Entrer dans cet écrit, c'est laisser à la porte une certaine raison pour plonger dans une logique différente, un langage autre, celui des symboles et des images. La désorientation qui en résulte permet de se retrouver en prise directe avec la vie de l'âme et avec la langue paradoxale de l'inconscient. Vient alors une ouverture à la nature même des processus qui habitent le monde de la psyché et le monde de la matière. Les alchimistes s'efforçaient de comprendre la nature extérieure. Ce faisant, ils dévoilaient les mouvements de la nature intérieure, comme si nature extérieure et nature intérieure se répondaient. Le respect de la nature était au cœur de leur démarche et l'on trouve très fréquemment sous la plume de l'auteur du Rosaire la recommandation de ne rien faire qui soit contraire à la nature, de ne rien brusquer (« L'impatience est du diable ! »), de ne pas se décourager, mais d'accepter de revenir sans cesse sur un point, dans une « réitération » que l'on retrouve inévitablement dans tout travail approfondi sur soi-même. À ce prix, qui est celui d'une désappropriation et d'une transformation, se révèle ce qui fait l'essence de la vie.
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