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Les cultes paiens lies aux ours, l'exemple des Nordiques


Nombreux sont-ceux qui fêtent la Chandeleur et dégustent de délicieuses crêpes au début du mois de Février. La plupart d’entre eux connaissent également les origines païennes de cette fête. Mais, il y a un point particulier que l’Église chrétienne médiévale s’est efforcée d’éradiquer pendant près de mille ans : les cultes païens liés à l’ours. En effet, leurs racines sont très profondes, antérieures à l’Antiquité et même au Néolithique. Vous avez peut-être entendu parler de « Jean de l’ours » et de la « Chandelours », ce croisement païen de la Chandeleur repris par les paysans durant le Haut Moyen-Âge et fêtée particulièrement le 02 Février dans les Ardennes et le croissant alpin (héritage celte lié au culte d’Artio et Arduinna). Aujourd’hui encore, on retrouve par exemple son héritage sous le nom de « Cacera de l’ós » dans les Pyrénées Orientales. Son équivalent slave est célébré à la même date pour la Gromnica et honorait Weles, une figure divine accompagnée régulièrement par un ours. Ce n’est pas non plus un hasard si les roumains de la Bucovine et de Moldavie célèbrent également l’ours chaque fin d’année pour le « Festivalul de datini și obiceiuri strămoșești ». Mais pourquoi cet attrait pour l’ours ? On ne peut nier que cet animal avait, aux yeux des hommes, des facultés que les autres animaux n’avaient pas. C’est par le biais des scandinaves du Haut Moyen Âge que des réponses peuvent se révéler…

En effet, une légende ursine à propos de ce peuple apparaît dans le Landnàmabok. Ce livre sur la colonisation de l’Islande évoque la vengeance d’Odd un homme dont le père et le frère ont été tués par un ours colossal. Une fois l’animal occi, le chasseur dépeça sa proie pour consommer sa chair et, ainsi, devint lui-même un fauve indomptable mi homme - mi bête, qui traqua le plus d’ours possible jusqu’à sa propre mort. Cette légende écrite au XIIème siècle à propos des peuples scandinaves n’est pas sans rappeler les cultes de tribus germaniques, du Nord comme du Sud, lisibles dans les écrits de Saint Boniface mais également rapportés dans les témoignages de Gall de Suisse. Ces documents stipulent que les peuples païens consomment la chair d’ours et s’abreuvent du sang de l’animal dans une sorte de repas rituel. L’idée étant d’absorber la force surhumaine de l’animal pour devenir invincible. Le Landnàmabok ajoute à cela que certains guerriers se baignaient dans le sang consacré ce qui n’est pas sans rappeler la légende des Nibelungen lorsque Siegfried se baigne dans le sang du dragon qu’il vient d’abattre. On peut aussi songer aux guerriers d’Odin, les célèbres Berserkir. Les sagas racontent que ces combattants quittent leur nature humaine pour entrer dans un état de transe afin de se sentir comme un ours, c’est à dire puissants et invulnérables. Les plaques de Torslunda, visibles sur l’image jointe à la fin de cet article, représentent ces hommes qui communient avec un ou deux ours bien reconnaissables. Ces plaques devaient donc agrémenter et renforcer de manière tutélaire par leur symbolique les armures qu’elles ornaient. C’est en partant au combat avec ces représentations d’ours que le guerrier devenait ours. On a également trouvé dans diverses sépultures des canines ou griffes d’ours, ainsi que des talismans ou amulettes représentant des figures ursines emblématiques. Ajoutons à cela qu’une broche féminine avec des ours dessus, visible sur notre image, a été retrouvée ! Cela est extrêmement rare que l’ours se retrouve associé à la femme dans la culture scandinave. Il s’agit donc d’un vestige précieux.

Toujours autour des légendes et de la mythologie, le personnage de Bödvar Bjarki qui signifie "petit guerrier ours" est le héros qui apparaît dans les écrits de Hrólf Hraki. Certains pensent également que Bjarki et Beowulf, dans la célèbre saga du même nom, sont à l'origine la même personne tandis que d'autres acceptent une parenté entre les deux protagonistes. Contrairement à Beowulf, Bödvar peut se métamorphoser en ours et il serait de nationalité norvégienne. Cela expliquerait pourquoi son histoire a été rédigée par des islandais d'origine norvégienne. Cependant son frère était le roi du Gotland et comme Beowulf, c'est en provenance de Gotland que Bödvar est arrivé au Danemark. De plus, en arrivant sur les lieux, il tue une créature monstrueuse qui terrorise la cour à chaque Yule depuis deux ans, ce qui est comparable à Grendel dans la légende de Beowulf.

De nombreux animaux sont étroitement liés à l’homme lors de rites funéraires et l’ours ne déroge pas à cette tradition. Certaines tombes de type « Hogback » retrouvées présentent des figures ursines que l’on pourrait considérer comme psychopompe (qui conduisent l’âme des défunts au royaume des morts). Cela vient donc sacraliser la vision que pouvaient avoir les anciens scandinaves à propos de l’ours.

Pour clore ce post, on ne peut que vous recommander la lecture du livre « L’ours, Histoire d’un roi déchu » écrit par Michel Pastoureau, un véritable bijou pour les intéressés.

Continuez d’être aussi braves et invincibles que des ours, cet animal que l’on craint autant qu’on l’aime !

© Article rédigé par Fabulore



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